Bordeaux, cardinal, carmin, cinabre, cramoisi, écarlate,...



...éosine, garance, grenade, grenat, kermes, minium, opéra, pourpre, rubis, turc, vermeil, vermillon...

Non attendez, je l'ai... Rouge Noël...

robe 1er empire dec2011


Cette année, je voulais me faire un Noël en costume, mais je savais que la robe à tournure, ou la robe à la polonaise XVIIIe , ben, ça passerait pas dans la branche-plouc-marchons-dans-les-clous de ma famille. Alors j'ai opté pour une robe facile et pas trop longue à coudre, et surtout, dont la forme, si ce n'est la couleur, serait assez passe-partout.

Ca tombait bien, ça me permettait aussi de bosser sur le Projet Regency, et sur un projet de robe en particulier, déjà rapidement évoqué ici. Oui oui, je parle bien de la robe rouge brodée.


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Pour ceux qui ne le savent pas, un costume, (que ce soit une robe, ou un habit d'homme) se coud sur le tissu encore non-coupé et monté en vêtement. Les contours des pièces sont dessinés sur le tissu, et la broderie faite à ce moment-là. Encore faut-il déjà avoir un patron exact de la robe. 

Les hommes au XVIIIe faisaient probablement prendre les mesures d'un de leur costumes déjà monté, c'était ce qu'il y avait de plus simple. Mieux encore, ils avaient des tailleurs attitrés qui connaissaient leurs mesures par coeur. (on est bien d'accord que la broderie, c'est pour ceux qui sont nés avec des diamants dans la bouche, einh ?) Pour les robes de femmes, on trichait un peu : les formes d'une femmes changent souvent (en particulier suite aux grossesses). On ne s'assurait que de la forme générale de la partie buste, et on se souciait pas vraiment que les broderie soient mangées de quelques millimètres sur les coutures (vue en musée, sur des pièces d'époque). Pour la partie jupe, on s'arrangeait toujours pour qu'il n'y ait pas de broderie vers la taille : c'est là, en effet que se faisaient les ajustements, et non au niveau de l'ourlet (ce qui nous semblerait le plus logique, à nous, modernes).

Autre possibilité, les femmes brodaient elles-mêmes leurs vêtements. Elles pouvaient donc plus facilement faire leur propre patron ou ajusté la robe que si elle le faisait faire par deux à trois personnes différentes (une brodeuse, une couturière, un tailleur, etc.).

Pour la robe qui me sert d'inspiration, est très intéressante à ce sujet : la robe a, en effet, été refaite par les mantua-makers de Colonial Williamsburg (elles travaillent en costumes XVIIIe, avec des techniques XVIIIe et reproduisent souvent des robes appartenant à la collection du musée de Colonial Williamsburg, dont la rouge). Elles ont également reproduit "les anomalies", dont un pli fait dans le tissu en bas de la jupe, au dessus de l'ourlet, qui en fait tout le tour. La supposition est que la robe a été brodée et montée, peut-être à Paris, loin de la cliente, qui n'aurait donné que des mesures basiques, et il aurait fallu raccourcir la robe à l'arrivée.



Red gown hem
(© Two Nerdy Girls in History pour les photos)




(C'est une des théories sur cette robe, qui n'en manque pas : datée 1817, car elle aurait été portée à un bal par la femme d'un Congressman qui ne serait devenu Congressman qu'en 1817, la robe est pourtant de facture 1805-1810.) 




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Bref, moi j'ai besoin d'un patron, avant de me lancer dans une quelconque tentative de broderie. J'ai donc décidée de faire d'une-pierre-trois-coup. Je teste un patron, je teste un tissu rouge (je voulais savoir le tombé de la robe, l'épaisseur du tissu, comment le rouge déteignait,... ce dernier point d'ailleurs pose toujours problème, la robe, malgré de nombreux lavages, déteint toujours. S'il faut que je trempe tout mon tissu non coupé dans le vinaigre blanc avant de le brodé, je vais m'amuser :S ) et je voulais une robe pour Noël. 

De tête, parce que j'ai pas ma doc sous la main, et que comme j'ai bossé très vite sur cette robe, bécasse que je suis, je n'ai pas pris de notes, j'ai utilisé trois patrons de Jean Hunnisset : le corsage de robe 1800-1805, les manches 1800-1805 correspondantes, et la jupe 18010, je crois... je sais plus. C'est celle qui a la petite traîne carrée, pas celle qui a la grande. 

Au final, j'ai du retravailler le corsage 1805 un brin, parce qu'il s'adaptait mal pour ma corpulence, mais pas tant que ça en fait. J'ai décidée de faire cette robe à la façon de l'époque, pour voir ce que cela donnait, et non pas à la façon proposée par Jean Hunnissett (si vous n'avez pas Hunnissett hop hop, Bibliothèque Forney pour les parisiens ; pour les autres, les livres sont en vente, très chers, sur internet): c'est à dire que j'ai mis un lacet tout autour de l'encolure, au lieu de froncer devant, et de ne mettre qu'un lacet dans le dos, et je n'ai fermé la robe dans le dos qu'avec le lacet de l'encolure, et le lacet de la taille, je n'ai pas rajouté de crochets. Hunnisset précise que c'était ainsi que cela se faisait à l'époque, et proposait une meilleure version version, pour les costumes de théâtre. 

Et c'est sa version qui est la meilleure, ma robe ne fermant jamais convenablement dans le dos. En plus, j'ai fait l'erreur de faire une ouverture trop longue dans le dos, donc on voit et mon corset et mon jupon. Il me faut un sous-robe (bodiced petticoat, en anglais, si vous voulez faire une recherche Googly) rouge, comme la robe...

En ce qui concerne le corset : j'ai remonté deux fois l'encolure des pièce du dos de ma robe sur mon patron pour être sûre de cacher le haut de mon corset. Peine perdue : le poids de la jupe rabaisse quand même l'ensemble. Conclusion : un jumps 1795, c'est vraiment inadapté pour la période Empire. C'est en forgeant que l'on forgeronne.


robe 1er empire dec2011 robe 1er empire dec2011 
C'est mon père qui a pris les photos : je ne me marre pas, je me retiens :)

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Deux photos de côté, une fois sans traîne, une fois avec la traîne. 
C'est quand même la classe intercommunale, la traîne.

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On tourne, on tourne, on tourne (j'aime ma traîne *heart*), 
et hop, un dos un peu raté.

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Avec un châle qui se porte sur l'épaule. 
Mon père a parlé de ma toge grecque toute la soirée (toge romaine, chiton grec... j'dis rien).
Comme cette mode s'appelle le néo-classicisme, inspirée de l'Antiquité grecque et romaine, 
ben je dis bravo ! Ca marche :)




Pour ceux qui se sentiraient des envies de critiquer mes cheveux courts (gna gna pas très d'époque tout ça...), je vous renvoie aux coiffures à la Titus, à la victime, en porc-épic, très à la mode à l'époque. Moi, j'ai raté ma Titus, j'avais les cheveux propres : NE JAMAIS se coiffer le cheveux propres. Ca ne tient pas  (mais c'est dégoûtant, les cheveux sales, pour Noël).

robe 1er empire dec2011 
Collier... H&M. Comme quoi...

Commentaires

  1. Tu es superbe ! Il faut définitivement que tu t'habilles Empire tous les jours ;)

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  2. C'est très très joli, et que dire de ta coupe, j'aime beaucoup! J'ai toujours eu la trouille de me couper les cheveux et j'aimerais pourtant avoir ce culot là! :) Tu es très joulie :D

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