Jeudi Inspi

Si certaines ont établi depuis un moment un "jeudi à l'atelier" sur leur blog, moi je n'ai pas encore d'atelier (mais ça va venir, si si !) et je n'ai rien cousu/fini depuis plus ou moins deux ans. Pas une question de manque d'idées ou d'inspiration (au contraire), mais de manque de place et d'envie. Jusqu'à maintenant, je vivais dans un studio surchargé (d'ailleurs mon stash de tissu et ma bibliothèques sont particulièrement impressionnants par rapport au métrage-cube du dit studio). Et après avoir réussi à coudre dans ces conditions pendant des lustres, ces deux dernières années, j'avais déclaré forfait.

Mais ô joie, je suis en train de m'installer dans un vrai appartement. 13 grandes caisses plastiques de tissus (et c'est pas fini !) ont déjà migré dans mon futur atelier couture, une des deux machines à coudre aussi. Car oui, même si je mange les mains de celles et ceux qui cousent à la machine leurs costumes histos pré-1830 (mais seulement bouillies avec des nèfles du Japon), je possède moi-même non pas un mais deux Instruments Du Malin. (Ceci est le rappel d'une blague que j'avais faite il y a longtemps en me disant "c'est tellement gros...", et que des gens très sympas ont utilisé sur les résococios pour dire que j'étais une grosse psychopathe. Donc je persiste, je mange les mains des machines à coudre et j'aime pas les gens s'ils ne sont pas servis bien cuits avec des nèfles du Japon.)

Bref, dans quelques mois, j'aurai enfin un joli atelier et même si je ne vais sûrement pas attendre aussi longtemps pour me remettre à faire du costume, je me suis dit qu'il fallait revitaliser ce blog et ce cerveau apathiques avec un peu d'inspiration gratuite qui part dans tous le sens, et pas forcément que du costume historique. Et surtout des photos.

J'instaure donc Jeudi inspi -- tous les jeudi où j'arriverai à me souvenir de ne pas oublier de me souvenir d'entretenir ce blog.

***

Corset, 1790. Met Museum 

Be my love. Le Met Museum a arbitrairement décidé d'en faire un corset français, ce qui me laisse assez dubitative. Il me paraît plus espagnol dans la décoration (surtout les pom pom pom pom pom... hum... pardon...). J'adore le mélange "intérieur" (coussinets et tassettes sous la jupe) et agressivement "extérieur" (pom pom pom pom pom....). En 1790, c'est plutôt rare chez les Françaises "à la mode" de trouver encore des corsets portés en vêtement de dessus. On peut peut-être y voir les débuts d'un costume régional (génération spontanée à la fin du XVIIIe), mais quelle région française, alors ? Un sud-ouest influencé par la proximité avec l'Espagne ?

Et sinon, j'adore les donateurs de ce corset : "International Business Machines Corporation". Quel plus beau clash poétique ?


Modes et Manières du Jour, v 1800. Autre version en noir et blanc.

J'aime beaucoup cette image parce qu'on sent vraiment que ce jour-là le dessinateur/graveur s'est dit "Rhaaaa, fuck les proportions, j'vends du rêve à neunœuds !" Et c'est vrai qu'elle est magnifique cette échelle de nœuds ^^
Cette image, c'est surtout un rappel à moi-même pour enfin (re)faire ce post que j'ai gribouillé dans mes brouillons sur les liens troubles entre images de mode et images licencieuses, et à quel point c'est quand même hilarant qu'hier et aujourd'hui, les fashion victims et les costumiers, on continue de rechercher de l'inspiration chez les prostituées et leurs clients. 
Mais cette image m'inspire aussi pas mal un rapprochement avec la façon dont on montre et parle de la mode aujourd'hui. On parle beaucoup des mannequins qui ne sont plus que des cintres vivants et donnent une image faussées du corps de la femme et du cynisme de ce milieu. Mais ça prend ses racines assez loin dans ces images de mode-là. On ne peut pas croire que du XVIIIe siècle jusqu'à la généralisation de la photo dans les magazines de mode (entre 1910 et 1920), les dessinateurs de modes aient été aussi nuls sur les bases les plus essentielles du dessin. Cette disproportion est volontaire, tout simplement parce que... ben elle rend tout simplement mieux en étant plus longue qu'un vrai corps de femme, cette petite échelle de neunœuds !



 
Ebay, trouvé sur Pinterest Vers 1745 / Bague 1795. Collection Skier. Source

Je trouve ces trucs aussi fascinants que flippants. Surtout les yeux qui ont un angle étrange. J'adorerai en voir plus épinglés sur les costumées. De manière générale, les bijoux osés par les costumées (moi y compris) sont rarement à la hauteur des jolies folies de nos ancêtres.

Comme les ceintures et les boucles 1830 :





Ces manches !! Cette robe a une petite histoire "marrante" (quand on reprend sa respiration plusieurs fois en se rappelant que tuer les gens qui portent des costume anciens ne correspond pas aux critères d'auto-défense demandés par les tribunaux français) incluant la femme d'un futur réalisateur célèbre se promenant sur les moors dans cette robe en se prenant pour Charlotte Brontë. A lire sur le site.




"Serre-tête" Vers 1790. Enchères.

Je suis d'une scepticisme triplement blindé quand il s'agit des attributions d'objets à Marie-Antoinette, Louis XVI etc, donc je me fiche d'attribuer cette coiffe à qui que ce soit. Par contre, elle est SUPER INTÉRESSANTE parce que c'est une des rares occasions où on a une attribution d'un terme d'époque à un objet précis. Dans les inventaires après décès, les objets ont parfois des noms abscons : quelles sont les différences entre un serre-tête, un bonnet rond, une toque, une cornette, une coiffe, etc, qu'on regroupe invariablement sous le même nom de "coiffe" aujourd'hui ? Et quelles sont les différences de leurs usages ?
Coiffe à tester "en vrai".


N° ROM2008_9823_11

Petit point d'épine, pour tenir les plis. J'ai du projet 1830 en tête et ça me parle, cette petite broderie.




Magnifiques chapeaux du début du XIXe siècle tels qu'on en voit dans les gravures de mode, mais à remettre absolument en contexte : ils viennent d'une famille aristocrate suisse -- et pas des aristocrates ruinés -- et les deux derniers ont été fait pour un trousseau de mariage (pour de grandes occasions). 
Bref une inspiration à utiliser avec précaution. Ou juste pour baver.


Caftan de femme ? XIXe siècle. Via Pinterest (pas trouver de source)

Et baver. Juste admirer ce travail de broderie d'or.


 

Maintenir la flamme de mon amour immodéré pour l'imprimé à la planche.


Et pour finir...

 
Magazine Carbon Copy (N° 14 ?). Trouvé sur ce blog.

Parce que.

Commentaires

  1. Oh mais le glapissement intérieur devant cette manche à plis et à broderie !! <3
    Bon déménagement, je partage tellement cette hâte d'avoir de l'espace pour la couture !

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    1. Alors je sais pas pourquoi ça s'affiche en "Unknown", du coup je précise que le commentaire ci-dessus est signé Lucie MdHdA -_-

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    2. Surtout que le deuxième s'affiche très bien, et que les commentaires anonymes sont censés être bloqués par Blogger. Encore un bug. Magique...

      Merci pour le déménagement :)

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