La bonne de madame
Mon dernier costume remonte à... oooooouuuuhhh, bien tout ça... Mes problèmes de prises et pertes intempestives de poids étant malheureusement loin d'être terminées, depuis un moment, j'ai mis la pédale douce sur les costumes. Ça me fait flic de faire des costumes pour mes nouvelles formes alors que je sais que je vais dans quelques mois revenir aux anciennes et que je me retrouverais avec sur les bras un costume, voir pire un corset, qui ne m'ira plus (avec tout le travail que ça implique, hurgh, non...).
Mais, il y a une semaine, on m'a dit : ah non, mais il faut que tu viennes, j'ai besoin d'aide pour mon event historique ! Je ne dis pas non en général aux appels à l'aide, mais là on m'a carrément prise en traître : il faudra m'aider entre autres pour s'occuper du bébé. Vous voulez m'exploiter ignoblement ? Promettez-moi que je pourrais avoir un bébé dans les bras, et vous m'aurez à tous les coups. Pas de costume ? Nan mais bébé quoi, fais un effort. Oui, m'dame !
Maman ! Au secours ! Une inconnue me tripote !
Plus sérieusement, hier, Audrey du blog En-robée organisait avec son assoc Val d'Atours, une démonstration de danse et une animation au musée Louis Braille, l'habillage de Madame. On s'est mises d'accord sans problème pour que je sois la bonne de Madame, qui s'habillera en 1830 :-P Non seulement, ça me permettait de faire un habillage populaire 1800-1820, ce qui me bottait particulièrement, de plus, hey, ça m'évitait d'avoir à m'embêter avec les dessous. Oui, parce que je rentre à peine dans mes corsets (mon corset 1830 a fortement protesté que NON, il ne se fermerait pas). Pour l'occas, j'ai dû improviser : jump 1800, mais avec brassière de sport dessous pour empêcher les seins de déborder. C'est pas histo ! Oui. Pour que ma honte soit complète, j'avais pas de chemise non plus.
Bref, toute pashisto que j'étais, j'étais certainement plus histo hier que 95% de ceux qui se sont exhibés aujourd'hui à Vaux le Vicomte ^^'"
Comme ça s'est décidé il y a 10 jours, il a fallu décider quelles contraintes s'imposer, et auxquelles dire merde.
J'ai perdu une journée à essayer de faire une chemise (trouver un patron histo, couper le tissu, coudre les longues coutures des pans) avant de balancer l'objet inachevé dans un coin, parce que ça me bouffait un temps précieux.
La première contrainte à laquelle j'ai appris à dire merde, c'est donc celle des dessous histos : ils peuvent être baclés en cas d'urgence (bâclé ne voulant pas dire absents). Soit : brassière de sport pour compléter un corset trop petit, pas de chemise (essayez de remplacer par un t-shirt, un corset, ça gratte), et jupon sans ourlet cousu à la sabrac dans un tissu polyester. Pour ma défense, j'ai acheté ce tissu comme étant de coton-lin mélangé -- et-un-peu-de-poly-après-que-je-vous-ai-coupé-votre-tissu-madame. Je ne sais pas si le fil de chaîne était du coton, du lin, ou goudron, mais le fil de trame, les dizaines de fils qui collent partout dans mon appart, et donc j'arrive pas à me défaire, confirment qu'il était en 100% polyester. Je hais les marchands de tissu. Marchand de tapis est une expression tout à fait inexacte pour décrire un vendeur baratineur et menteur. Ça, c'est la définition du marchand de tissu.
Je me suis imposé la contrainte de coudre à la main, ne serait-ce que parce que je suis plus rapide à la main qu'à la machine ! En cas de manque de temps, mais pour rester relativement historiquement correct, on peut ne coudre que les coutures visibles à la main. J'ai triché sur la moitié de mes ourlets qui étaient déjà présents sur le tissu que j'ai choisi. Et honnêtement, si je ne l'avais pas fait, il n'y aurait pas eu de costume (je ne l'ai terminé que dans la nuit de vendredi, TARD).
Pour le tissu, j'avais plusieurs contraintes, imposées ou voulues : a) monétaires. Pas de nouveau tissu pour moi, non non dit la banquière. Il me fallait donc piquer dans mon stash un tissu prévu pour autre chose à la base (mais c'est toujours comme ça, non ?) ; b) cohérence historique. La bonne d'une femme d'artisan ou de petite bourgeoise ne portera que du coton, du linou de la laine -- on est en juin. c) crédibilité historique. Des tissus à fleurettes ou à rayures toutes simples, j'en avais plusieurs, mais ce genre de tissu n'est pas vraiment à la mode en 1820. En fait, 1820, c'est l'époque des tissus imprimés au rouleau (donc pas de motifs tissé), des motifs chargés, ou des combinaisons de rayures et de fleurs. J'ai mis un moment à trouver un tissu correspondant à ça dans mon stach... et c'est tombé sur une couette IKEA ! Et donc, pour ceux que ça intéresse, cette couette fait un super tissu histo : testée, et approuvée par tout le monde sur internet et en live.
Pour la forme, j'avais cette contrainte du poids : je voulais une robe adaptable qui m'irait quand j'aurais repris mon poids habituel. J'ai jeté mon dévolu sur ce qu'on appelle en anglais la shortgown. En français, je traduirais ça par négligé (qui n'est pas négligé du tout) pour le XIXe siècle. Le terme du XVIIIe est manteau de lit. J'ai fait un tableau Pinterest. Je me suis principalement inspirée de ces deux-là. Comme dans ces exemples, j'ai fait mon jupon coordonné.
Comme ça s'est décidé il y a 10 jours, il a fallu décider quelles contraintes s'imposer, et auxquelles dire merde.
J'ai perdu une journée à essayer de faire une chemise (trouver un patron histo, couper le tissu, coudre les longues coutures des pans) avant de balancer l'objet inachevé dans un coin, parce que ça me bouffait un temps précieux.
La première contrainte à laquelle j'ai appris à dire merde, c'est donc celle des dessous histos : ils peuvent être baclés en cas d'urgence (bâclé ne voulant pas dire absents). Soit : brassière de sport pour compléter un corset trop petit, pas de chemise (essayez de remplacer par un t-shirt, un corset, ça gratte), et jupon sans ourlet cousu à la sabrac dans un tissu polyester. Pour ma défense, j'ai acheté ce tissu comme étant de coton-lin mélangé -- et-un-peu-de-poly-après-que-je-vous-ai-coupé-votre-tissu-madame. Je ne sais pas si le fil de chaîne était du coton, du lin, ou goudron, mais le fil de trame, les dizaines de fils qui collent partout dans mon appart, et donc j'arrive pas à me défaire, confirment qu'il était en 100% polyester. Je hais les marchands de tissu. Marchand de tapis est une expression tout à fait inexacte pour décrire un vendeur baratineur et menteur. Ça, c'est la définition du marchand de tissu.
Je me suis imposé la contrainte de coudre à la main, ne serait-ce que parce que je suis plus rapide à la main qu'à la machine ! En cas de manque de temps, mais pour rester relativement historiquement correct, on peut ne coudre que les coutures visibles à la main. J'ai triché sur la moitié de mes ourlets qui étaient déjà présents sur le tissu que j'ai choisi. Et honnêtement, si je ne l'avais pas fait, il n'y aurait pas eu de costume (je ne l'ai terminé que dans la nuit de vendredi, TARD).
Pour le tissu, j'avais plusieurs contraintes, imposées ou voulues : a) monétaires. Pas de nouveau tissu pour moi, non non dit la banquière. Il me fallait donc piquer dans mon stash un tissu prévu pour autre chose à la base (mais c'est toujours comme ça, non ?) ; b) cohérence historique. La bonne d'une femme d'artisan ou de petite bourgeoise ne portera que du coton, du lin
Pour la forme, j'avais cette contrainte du poids : je voulais une robe adaptable qui m'irait quand j'aurais repris mon poids habituel. J'ai jeté mon dévolu sur ce qu'on appelle en anglais la shortgown. En français, je traduirais ça par négligé (qui n'est pas négligé du tout) pour le XIXe siècle. Le terme du XVIIIe est manteau de lit. J'ai fait un tableau Pinterest. Je me suis principalement inspirée de ces deux-là. Comme dans ces exemples, j'ai fait mon jupon coordonné.
Cette gravure date de 1797-98. 20 ans plus tard, on porte toujours ce même genre de forme.
Version trouvée sur Pinterest (source d'origine ?), un version de moins bonne qualité est sur Gallica.
Ce genre de robe se porte aussi bien dans la journée par les femmes des classes populaires qu'en intérieur pour les femmes un peu plus aisées. C'est un vêtement qu'on peut facilement mettre et enlevé, pas contraignant à enlever ni à laver : il est parfait pour tous les types de travaux ménagers ou physiques des femmes de l'époque.
J'ai adapté un patron que j'avais fait pour une redingote 1810s que j'ai en cours, adapté lui-même du patron de redingote 1820 dans Janet Arnold. J'ai prolongé les devants pour mes nouvelles mensurations, agrandi légèrement les ouverture des manches (qui ne sont moins bouffantes que prévu en tête de manches) mais je n'ai pas touché au dos et aux flancs. C'est tout juste, mais du coup, c'est un costume qui reste réutilisable.
La coiffe et le tablier ancien sont prêtés par Audrey qui m'a aussi coiffée (merci !). Je n'ai porté le tablier qu'en matinée, je l'ai enlevé pour danser (j'aurais du enlever la coiffe aussi, elle n'a pas dû apprécier). J'ai également, visible sur le tablier une vraie châtelaine ancienne (à moi ! mon précieux !). Le jupon cordé que porte Audrey, c'est le mien. C'est long à faire, mais je ne peux que conseiller à qui veut faire du 1830 de se donner la peine : regarder la ligne magnfique qu'il donne à sa robe !
Aaaaawwwwwwwww !!!!
PS : pour les photos et les vidéos de danse, ce sera bientôt sur le blog de l'association Val d'Atours, et/ou sa page Facebook.
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